vendredi 24 mai 2013

Pérou, suite

Depuis Ithaca, USA, chez notre ami Tye
Par Lu


Cusco, la vallée sacrée et le Machu Pichu



Cusco

Je reprends la suite de nos aventures au Pérou...
Ça tombe bien : ici il pleut des cordes, alors repos forcé !

J'essaye de me replonger dans le Pérou...

Sandie nous a donc rejoints et après un jour ensemble à Lima, nous avons pris un bus pour Cusco. L'idée était d'y rester une dizaine de jours, de s'y installer en "camp de base" et de rayonner tout autour pour découvrir la vallée sacrée inca et le Machu Pichu.

23h de bus pour atteindre Cusco ! Il n'y a pourtant que 500km entre Cusco et Lima, mais la route est tortueuse (ce qui rajoute du piment au trajet, bien sûr !).

En 36h, notre Super-Sandie a donc :  sauté dans un train juste quand la cloche de son école a sonné les vacances, puis a changé de train à Paris, dormi 4h à Bruxelles, pris un avion pour Amsterdam, changé d'avion et volé 13h pour nous rejoindre. Et juste le temps de s'habituer au décalage horaire, hop ! Elle a pris avec nous un bus de 23h...
Elle est inépuisable, je vous dit !
Ma Pépette !
Heureusement les bus péruviens sont très confortables : toilettes (ouf!), plateaux repas, écrans individuels comme dans les avions, petit plaid pour lutter contre la clim'... Seul hic : la route tournait presque du début à la fin, avec des lassets de plus en plus serrés. Difficile de fermer l’œil.

Arrivés à Cusco tout le monde était bien fatigués ! Alors nous avons passé quelques jours à nous y balader tranquillement, de ruines incas en églises et de marchés en petits-bars-à-Pisco-Sour (la boisson nationale). Seule consigne : n'utiliser que la marche à pieds! Surtout PAS DE BUS ! C'était l'overdose pour tout le monde. D'autant qu'on venait de calculer avec Jeff qu'en 2 mois en Amérique du Sud, nous avions pris plus de 30 bus et chacun pour des trajets de plus de 10h... Nous avions atteint notre limite, je crois.
Alors marche à pieds pour le plus grand bonheur de tous !

Du haut de nos papates, nous avons découvert entre autres ceci :





 Le carnaval-anniversaire du centre artisanal. presque tous les jours il y a une fête ou l'anniversaire d'une entreprise, et c'est l'occasion de défiler en costume traditionnel quechua (non pas Décathlon...). Un jour le centre commercial, le lendemain une école... On est restés très longtemps à contempler le couleurs, les sourires, le plaisir de danser ensemble.







Et vous, vous êtes plutôt aguyao ou sac à dos ?
En tous cas ce sont de vrais "Quechua" ceux-là, pas comme les nôtres !


Manif' péruvienne : tous protestent contre les restrictions budgétaires. On cherche avec Sandie nos collègues enseignants, qui sont étonnés d'apprendre que nous avons ce genre de préoccupation (et de manifestation) en France aussi.








Les halles San Pedro :



le fromage qui ne fond jamais...

notre cantine (à 1€10 le menu trop copieux, de produits frais du marché...)



Corikancha, le temple du soleil

Ici encore, nous avons beaucoup pensé à Tintin (ainsi qu'à Tao, Zia et Esteban bien sûr) !
Le vrai temple du soleil existait donc.
Une merveille de précision : chaque pierre est taillée parfaitement pour épouser ses voisines. Aucune n'est identique, on leur a rajouté des tas d'angles (parfois plusieurs dizaine par pierre !) et toutes sont soudées pour résister aux tremblements de terre.
Quand les conquistadors se sont approprié le temple par la force, ils y ont construit une église. Elle a explosé (et été reconstruite) à chaque tremblement de terre. La partie inca, elle, n'a pas bougé depuis tout ce temps. Elle est restée cachée sous les stucks et dalles espagnols jusqu'à récemment (une quinzaine d'année je crois).
La précision de l'architecture, de la coordination parfaite avec les points cardinaux, les jeux de lumières qui ne se dévoilent qu'aux solstices... nous ont fascinés.


on a quand-même fait une pose "toutou" comme dirait tata Françoise... (touristes pas chienchien)

La place des armes, les ruelles, les fontaines...



et le rainbow flag ! Qui est en fait l’emblème de Cusco...


































un colibri !!!!!!!




Quand nous avons retrouvé un peu d'énergie, aidés par toutes ces merveilles, nous avons repris quelques collectivos pour découvrir la vallée sacrée voisine :


Le site archéologique de Pisac
C'était magique, on était seuls, il faisait doux, la lumière était rasante...
Et puis toujours cette perfection architecturale, ces lignes pures, le lien avec l'astronomie...
 
ses terrasses monumentales

une vue imprenable...






Ollantaytambo
Un site tout aussi monumental, mais... Beaucoup plus visité... Le bon côté c'est que nous nous sommes faits adopter par un groupe colombien-salvadorien-péruvien qui faisait la visite, et que son guide était chouette !






regardez bien la falaise à gauche : vous voyez le profil inca avec sa couronne? Hasard? Scuplture monumentale? qui sait...


Spécial poses toutous :





et la meilleure pour la fin :
Sandie, ne m'en veux pas : j'ai pas pu résister !

 Enfin, quand nous fûmes en pleine forme et amoureux de la civilisation incas, nous décidâmes de partir en expédition pour le Machu Pichu...
"tu parles d'une expédition ! C'est un sentier battu et re-battu ! "
C'est vrai.
Mais ce fut pourtant une sacrée expédition...

Nous croyions avoir dégoté le tuyau du siècle, grâce à des voyageurs rencontrés quelques jours plus tôt : pour éviter le prix exorbitant du train ou des tours organisés entre Cusco et Aguas Calientes (au pied du Machu Pichu), nous voulions négocier avec une agence un transfert "sec". C'était encore la saison creuse, les tours-operators partaient en mini-vans à moitié vides. Nous avons donc effectivement négocié un super prix pour nous amener en mini-bus et revenir 3 jours plus tard à Cusco.
Facile a priori. C'était réglé, organisé et payé.

Au départ tout allait bien : le minivan était presque à l'heure du rendez-vous à 6h30 à Cusco. Mais pas les autres clients... Les 7 polonais qui devaient être des nôtres n'arrivaient pas...
Ils ont finalement eu 45min de retard, et sont montés déjà bien éméchés dans le van en criant très fort (en oubliant de s'excuser aussi...). Et puis nous avons passé 13h de mini-bus sur des routes vertigineuses avec eux. Ce ne furent pas les voyageurs les plus sympas et discrets que nous ayons croisés, disons...

Une fois arrivés, il nous restait 2h de marche le long de la voie ferrée avant d'arriver dans notre auberge.

pas de panique : il y avait un chemin à droite du pont...








Cette fois-ci le trajet était magnifique (et serein) : le long des rails déserts, au milieu de la forêt subtropicale, avec les oiseaux, le fleurs... Seul élément de stress : la route était longue, le sac de Jeff très lourd, et le jour tombait. Nous sommes arrivés pile-poil à la tombée de la nuit. En chemin nous avons adopté pour quelques jours "Woufette" qui fut d'une fidélité exemplaire !
L'auberge était spartiate, la douche glacée, mais... La table la meilleure qu'on aie trouvée en Amérique du Sud je crois bien ! On garde tous un souvenir ému (si si, tant que ça) du ragoût de potiron du jardin au fromage-qui-ne-font-décidément-jamais. Woufette nous a attendu toute la nuit sur le paillasson.
Le train arrive ! Woufette lui court vaillamment après pour l'éloigner de nous. Avec succès.
En haut on voit déjà le Machu Pichu, regardez bien !

avec Woufette !


Le lendemain, lever à 4h20, sacs pliés en 5 minutes, fringues enfilées en 30 secondes, frontales, sac à dos, et hop! Nous voilà repartis sur les rails, de nuit cette fois-ci (Brrrr les bruits de la forêt tropicale la nuit, dans le noir...), pour atteindre le pont, traverser la rivière et faire l’ascension du Machu Pichu. Woufette nous escortait toujours... Mais au pont, l'appel de la décharge publique a été trop fort, elle nous a quittés.
Et nous, nous avons commencé à grimper les marches ! Ahhh les randos avec des marches d'escaliers... Je déteste ça, y a rien à faire... Pas moyen de doser son effort, je déteste.

A l'arrivée nous n'étions pas les premiers, beaucoup de bus nous avaient précédés, en passant par la route. On voyait rapidement à la couleur des gens s'ils avaient fait l'ascension ou pris le bus. Nous étions écarlates et trempés...
Le soleil commençait à se lever, la brume devenait plus fine, et puis...
Le sommet a percé les nuages...
Puis un rayon...
Puis un arbre...
Puis le Machu Pichu, petit morceau par petit morceau, comme un voile qu'on lèverait toute doucement d'un chef d'oeuvre pour mieux en apprécier chaque détail.
Je m'attendais à être déçue par le flot de touristes. A seulement revoir toutes les images déjàs vues 1000 fois.
Et au final, j'avais du mal à retenir mes larmes...
Le paysage, la sérénité, la douceur de la lumière, la magie de la brume...
Le Machu Pichu !

Je me tais, et vous laisse deviner à travers la brume, vous aussi :


presque arrivés au sommet

première éclaircie








 Ici pas de tondeuse à gazon : des lamas !
dressés à ne pas cracher, mais pas à être caressés...




depuis la Porte du Soleil (oui il faisait un peu chaud...)

Et puis il a bien fallut redescendre : la route du retour était encore longue...

Redescendre de La Porte du Soleil, puis du Machu Pichu (en courant, ça va plus vite et c'est plus drôle), puis revenir à l'auberge récupérer les sacs à dos, suivre les rails 2 bonne heures (et y retrouver Woofette qui nous attendait fidèlement !), trouver un taxi pour aller à Sainte-Thérèse (la ville thermale juste avant Aguas Calientes), faire nos adieux à Woofette, trouver un hôtel, de quoi manger, et... Dormir ! On a bien dû faire 20 bornes finalement.
Mais c'était trop bon !

Le lendemain, nous devions reprendre le mini-van dans l'après-midi pour rentrer à Cusco. Nous avions tout le temps de profiter des sources thermales ! De grandes piscines à même le roc, pleines d'eaux presque brûlante et limpide.
Hum, parfait pour nos courbatures !

Et puis nous avions rendez-vous à 14h avec notre conducteur de mini-van.
Mais à 15h toujours personne...
On nous disait (dans le bar, qui connaissait quelqu'un, qui connaissait quelqu'un, qui connaissait notre agence...) que tout allait bien.
Les vans défilaient, mais le nôtre n'arrivait pas.
Puis à 16h il arrive, nous dit-on. Mais avec seulement 2 places ! Et puis uniquement par chance : 2 filles ont craqué tellement leur tour-operator (notre transporteur...) était abominable et sont rentrées en train...
Gasp !
Nous avons donc passé pas loin de 13h avec Sandie sur mes genoux.
Je vous laisse imaginer l'état de ses fesses et de mes genoux. Heureusement que c'est un poids-plume. Mais 13h c'est long, bon sang !
Au début du trajet, quand Sandie avait encore le sourire !
Et puis nos nouveaux co-voyageurs (israéliens ce coup-ci) étaient... Complètement défoncés ! Ils ne voulaient pas repartir, titubaient, voulaient s'arrêter pour pisser tout le temps (bah oui, avec toute cette bière...), fumaient dans le minivan, sortaient des poudres étonnantes de petits sachets. On a appris plus tard que beaucoup d'américains et d'israéliens (ces derniers pour exorciser leur terrible service militaire) venaient trouver de la coke pas cher à Cusco... On comprenait mieux... Si c'est pas beau...
Pour rajouter du charme à ce convoi, notre chauffeur tombait de sommeil ; le van frôlait la panne à chaque nid-de-poule (il y en avait un certain nombre, la moitié du chemin était en terre battue et traversée par des torrents) ; le passager installé à côté du chauffeur devait le réveiller de temps en temps pour éviter le gouffre..
Brrrrr, j'en ai encore froid dans le dos...
Ce fut peut-être notre pire trajet en 8 mois, celui-ci ! Même le train surpeuplé en places-assises-dures, de nuit, depuis Pékin, en pleins congés nationaux était plus facile, je trouve.

Mais nous sommes arrivés sains et saufs, avons dit ce que nous avions sur le cœur à notre "agence", puis nous avons dormi.

Le lendemain la magie du Machu Pichu restait heureusement plus forte que l'horreur du retour.

Et puis nous sommes revenus à Lima, Sandie est rentrée, et...
Ma petite mamie s'en est allée petit à petit, mais loin de moi.
Et s'était bien difficile j'avoue...
Heureusement Jeff était là, toujours aux petits soins. Et vos messages, votre amitié, étaient bien présents eux-aussi.
Alors maintenant on se repose un peu chez notre ami Tye, pour se remettre un peu.
Et puis on commence à avoir envie de rentrer.
Tant mieux, ce sera plus facile.
Mais il nous reste certainement encore des choses à découvrir ! Mais d'abord, se remettre un peu, en sécurité, au chaud.

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